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« J’existe ! » C’est ce que des dizaines de milliers de Français ont commencé à venir exprimer dans les mairies qui ont ouvert un « cahier de doléances et de propositions » depuis le samedi 8 décembre. C’est le début d’un mouvement lancé par l’Association des Maires ruraux de France. Par cet acte citoyen, vos mairies, maisons communes, ont permis de consigner les expressions et d’en faire le germe d’un projet de société plus vivable pour ces 22 millions de Français, qui donnent corps à nos campagnes. A cela s’ajoutent d’innombrables contributions libres.
Nous, maires de communes rurales, femmes et hommes élu(e)s par nos concitoyens, assurons que l’intégralité des doléances et propositions seront remises au Président de la République, au Premier ministre et au Parlement.
Ce qui nous importe, c’est de rendre visibles les propos que vous tenez quotidiennement aux maires de France. Cette réalité, n’apparaît que trop peu dans l’esprit de ceux qui gouvernent. Elle est pourtant capitale pour notre pays dans un moment où le pacte social et territorial vacille.
Ensemble : faites votre part, nous ferons la nôtre !
C’est pour cela que nous lançons aujourd’hui cet appel au Peuple de France. Nous, élus ruraux, légitimes par l’élection, citoyens engagés dans la vie locale et proches du quotidien de nos concitoyens, nous appelons chacune et chacun à se fédérer, à ne pas baisser les bras devant la difficulté et l’adversité, face à la cécité de beaucoup de nos dirigeants et à l’entêtement d’une administration trop pyramidale et centralisée.
Le cri légitime de ces millions de Françaises et de Français se joint à celui des élus ruraux. La période que nous vivons est une opportunité pour notre pays si vous répondez à cet appel. Saisissez-la ! Levons-nous ensemble pour que l’emploi soit réparti équitablement sur le territoire. Exigeons que la téléphonie mobile et le numérique arrivent bien plus vite que ce à quoi les opérateurs ont mollement consenti.
Pesons pour que les politiques publiques traitent enfin la question de l’accès aux soins pour que des millions de Français ne renoncent plus à se soigner.
Nous ne voulons plus être les éternels oubliés !
Nous vous invitions à vous débarrasser du « complexe du plouc », qui trop souvent entrave votre capacité à agir et à revendiquer un futur meilleur, avec pour seul motif, qu’être loin de la ville justifierait de devoir renoncer aux droits les plus élémentaires. Il n’y a pas de fatalité à laisser les services publics fermer quand nos communes font de leur mieux pour vous aider. Le modèle de concentration qui est la règle depuis 40 ans s’épuise… ça ne marche plus.
Un appel à la jeunesse
À la jeunesse de notre pays, nous disons : soyez les nouveaux visages de nos villages ! Rejoignez ces populations qui font le choix d’un autre mode de vie, plus sobre, plus équilibré. Le cadre de vie y est favorable, on s’y sent mieux. Pendant que la ville s’étouffe, la campagne respire. Investissez les territoires ruraux ! N’ayez pas peur, nous saurons vous accueillir, nous saurons trouver des solutions à vos demandes et nous saurons vous accompagner. Considérés comme des citoyens, vous n’êtes et ne serez jamais chez nous des identités impersonnelles, mais au contraire des femmes et des hommes qui apporteront une énergie nouvelle à nos territoires.
La commune, un bien commun
Cet appel émane de la légitimité de ce bien commun qu’est la commune : le premier socle de notre République. Car la commune n’est pas simplement un échelon administratif, mais la très précieuse symbiose entre des habitants et un territoire qui croient en leur avenir et qui pour cela se mobilisent : c’est là où l’on agit ensemble. Nous devons nous battre pour que l’action de l’Etat change radicalement et que les pouvoirs publics inversent totalement leur logique d’intervention.
Reconstruire le pays par la base
Pour cela, il nous faut agir ensemble. Nous, maires de communes rurales, à partir de nos campagnes, nous vous appelons à nous soutenir pour imposer notre parole commune dans le débat national. Aux cartes et aux territoires anonymes laissant croire aux décideurs qu’ils sont dépourvus de vie, nous mettons fièrement en avant des visages, tels ceux des gilets jaunes, et bien d’autres encore, plus discrets et plus nombreux, mais tout aussi importants. Nous les croisons dans nos rues et sur nos places. Aux bilans statistiques, opposons nos expériences et nos réelles difficultés.
Aux hauts fonctionnaires déconnectés, disons ensemble : arrêtez d’essayer d’avoir raison seuls contre le peuple. En bref, souvenez-vous que vous êtes rémunérés par l’impôt pour nous aider à construire notre pays. Plutôt que de tenter de le faire à votre idée. Sortez du « bocal parisien » qui vous éloigne et vous englue dans vos certitudes trop souvent discutables.
Soyons honnêtes, nous avons échoué à convaincre le Parlement et les exécutifs successifs. Mais nous sommes une multitude : diverse et dispersée, urbaine et rurale, femmes et hommes, élus ou simples citoyens, nous sommes la France. Nous parviendrons à rendre possible ce qui est indispensable et à nous délester de ce qui est insupportable.
– Trouvez-vous normal, qu’en matière de dotations aux collectivités, aujourd’hui encore, un urbain vaille deux ruraux ? Une correction de cette injustice doit voir un préalable inscrit dans la loi de finances 2019 que doit adopter le Parlement avant le 31 décembre ;
– Trouvez-vous normal en terme de mobilité, que les priorités aient été données à la Grande vitesse en délaissant l’entretien du réseau historique et en négligeant des modes de transports ruraux (TER, Transport à la demande, covoiturage,..) ?
– Trouvez-vous normal que les technologies (4G, véhicule autonome,…) soient mises à profit prioritairement pour ne pas dire exclusivement au développement des métropoles ?
– Trouvez-vous normal que depuis des années, l’Etat se lamente sur le nombre en baisse de médecins dans le monde rural sans prendre les mesures nécessaires pour y remédier ?
– Trouvez-vous normal que l’on confisque les moyens et les pouvoirs des communes pour les confier à des entités administratives plus éloignées?
Sans vous, nous ne pourrons rien ! Venez dans nos mairies pour amplifier ce mouvement de transformation en cours. Le temps est venu de prendre notre destin en main et d’imposer nos voies et nos voix pour ne pas avoir à regretter demain un silence et une inertie coupables.
Et que l’on ne fasse pas le mauvais procès de nous reprocher d’opposer villes et campagnes au motif que l’on exige une légitime considération pour les habitants des territoires ruraux. Il est temps de mettre un terme aux fractures territoriales et sociales. Ce devrait être la trajectoire de l’action publique et le sens de l’action politique.
Vive la Commune,
Vive la République,
Vive la France.